Top articles
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Scène 11
J’ai insisté pour sortir. Quentin semble ne plus vouloir m’exhiber en soirée. M’aime-t-il encore ? Ça fait si longtemps que nous n’avons pas fait l’amour. Il arguait la fatigue de la journée passée, le lever aux aurores prévu demain matin. J’étais moi-même...
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Scène 12
Les jumelles sont parties depuis un jour seulement et déjà elles me manquent. L’absence de Quentin n’éveille rien en moi, ce qui m’étonne peu à vrai dire : en dehors de mes enfants, je suis incapable d’aimer avec sincérité. Mon hypocrisie me répugne,...
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Scène 13
C’est un cauchemar, un putain de cauchemar. Le président a parlé pour ne rien dire. Des mots forts. Un excellent travail de ses conseillers en communication. Des mots simples auraient suffi. Des mots simples, et la vérité. Après cette allocution, nous...
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Scène 14
Combien d’appels ai-je tentés ? Cinquante ? Cent ? Depuis trois jours, depuis mon retour du bar, Lilia et Quentin restent injoignables. Pareil pour la police, les hôpitaux, les pompiers, les éboueurs, l’opéra Garnier, le centre Beaubourg, le Mac Do des...
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Scène 16
Ce matin, aux aurores, je posais le pied au-dehors pour la première fois depuis plus d’une semaine. Sur le perron, l’air frais pénétrait mes poumons. Je décidais alors de revenir d’entre les morts. Une douche, une robe rapidement enfilée, et, quelques...
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Scène 17
L’angoisse est palpable à la gare. Certains exécutent des allers-retours du regard entre l’horloge et l’horizon, d’autres battent du pied une même mesure répétitive. Enfin, il y a les bavards, les plus nombreux. Soudain, on s’immobilise, on se tait, on...
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Scène 18
La porte fermée de la chambre des petites atténue les toussotements de Swann, si bien qu’ils paraissent sans gravité. Elle a fait l’objet d’un bilan médical complet avant de quitter Paris, m’a répété plusieurs fois Quentin. Pourtant, un fond d’inquiétude...
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Scène 19
Personne ne s’attend à un drame une belle soirée d’été. Rien n’y prépare. L’insouciance et l’engourdissement de l’esprit nés d’une journée au ralenti, une nature opulente, un soleil généreux, non, rien, vraiment rien n’y prépare. Ce soir-là, nous nous...
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Scène 20
Une scène de vie intérieure. Les filles en pyjamas s’amusent sur le tapis du salon, je survole un roman sans intérêt, enfoncée dans un fauteuil Club, seul héritage de mon père, Quentin pianote avec nervosité le clavier de son téléphone. Combien d’individus...
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Scène 21
Les attentats ont permis aux effrayés de naissance et aux audacieux d’esprit, mais non de corps, de libérer leur paranoïa latente. Le quotidien était étouffant. Désormais, il est irrespirable. Sur le quai, un quinquagénaire grassouillet – un petit cadre...
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Scène 22
Je surgis dans l’entrée en hurlant le nom de Quentin. Depuis plus de deux heures, j’essaye de le joindre. Il ne travaille pas aujourd’hui. Il devrait être à la maison. Personne au salon, ni même dans la chambre. En arrivant, j’ai jeté un œil dans le garage....
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Scène 23
L’odeur de la mort ramène chacun à soi-même. Au cabinet médical, c’est la foire à l’empoigne. Comme si tous avaient égaré leur politesse en chemin. Ça râle, ça vocifère, ça jure. Tous les coups bas sont permis. Un vieil anglais qui habite sur la route...
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Scène 27
Une terrible migraine me réveille. Dehors, il pleut. Un instant, l’envie de me foutre en l’air me traverse l’esprit. Au final, je choisis la vie, face à l’absence de preuves de l’existence de capacités érectiles chez les trépassés. La cuisine est en désordre....
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Scène 26
Quentin s’est endormi. Pendant ce temps, je ressasse. Les yeux fixés au plafond, je réécris les évènements. À tel moment, j’aurais dû dire ceci, à tel autre, faire cela. Cependant, à quoi bon fantasmer sur un vécu qui ne verra jamais le jour ? Aussi loin...
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Scène 36
Lorsque nous atteignons la maison, il n’est pas tout à fait sept heures. Dans quelques minutes, les filles s’éveilleront, tirées de leur rêve par un réveil sans imagination. Je n’ai qu’une chose en tête, m’allonger, las des rebondissements de ces derniers...
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Scène 37
Qu’est-ce qui lui a pris à Quentin ? Jamais je ne l’avais vu dans un tel état. Comme si sa colère, trop longtemps contenue, ne demandait qu’à exploser. En connaitrait-il plus sur ma vie libertine qu’il ne veuille bien le montrer ? Bien que les témoins...
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Scène 40
À peine passe notre dernière caresse que l’envie de nous aimer encore nous saisit. Parfois, en quittant le canapé pour rejoindre le lit, nous nous égarons dans le couloir, la cuisine ou la salle de bain. Sans lutter, nous succombons à notre appétit trop...
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Scène 42
— Il a perdu du poids, dit Alexandre. — Regardez tous ses cheveux gris, remarque Stéphane. — Il est blanc comme le postérieur de Lilia, surenchéris-je. Surpris, ils se tournent vers moi puis s’esclaffent comme deux ados. Je ne tarde pas à les rejoindre....
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Scène 49
Une bonne dizaine de mètres sont nécessaires avant de me rendre compte que je suis sortie de la chambre de Quentin, tel un robot guidé par un impératif qu’il ne contrôle pas. Mais ne serait-ce pas là le meilleur résumé de ma vie ? Car n’ai-je jamais vraiment...
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Scène 46
Quels qu’aient pu être ses doutes, Stéphane s’est en bien tiré. Trop bien, à vrai dire. Sa facilité à mentir à chaque contrôle, à élaborer des explications convaincantes, nous a permis d’arriver sans encombre à Manosque. À chacun de ses nouveaux mensonges,...
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Scène 47
Ne vaut-il pas mieux se laisser convaincre par les artifices du mensonge que souffrir de l’enfer de la vérité ? Je n’ai aucune hésitation. — Je vous écoute, dis-je au médecin. Ses yeux s’emplissent de compassion, une moue apaisante arrondit son visage,...
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Scène 48
En découvrant l’état de Quentin, une terreur sans nom étouffe ma colère, la mâchoire m’en tombe, mes genoux flagellent. Car ce n’est ni son visage ni ses bras qui en premier lieu attirent mon attention, mais les bleus en un nombre incroyable qui s’étalent...
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Scène 50
— Pourquoi fais-tu la tête ? — Je ne fais pas la tête, grogne Lilia affalée sur son canapé. Le visage tourné vers la baie vitrée, ses yeux probablement mi-clos, elle fixe un détail de la façade qui lui fait face. Elle n’y prête pas vraiment attention,...
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Scène 41
Une fois encore, je jouis. Les orgasmes se suivent et conservent leur intensité. Il n’y a pas à dire, la volupté procurée par la langue de Lilia est loin devant celle qu’ont pu m’apporter les hommes que j’ai connus. La tête toujours coincée entre mes...
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Scène 44
La voiture de Quentin n’est pas garée devant la maison. Toutes les lumières intérieures sont éteintes, seules celles de l’allée extérieure le sont. Elles s’allument automatiquement dès lors qu’un véhicule franchit le portal en contrebas. À l’instant où...